LA PAGE DU PUBLIC 2019
Concert du 2 juin 2019 par Jean-Pierre FAUQUIER
Organiste : Christopher HAINSWORTH * Trompette: Nicolas PLANCHON
Dans l’ensemble, un concert de bonne tenue ; cependant il est trop évident que
la partie de trompette est mise en valeur. Certes, l’artiste possède une
technique parfaite, le son de l’instrument est d’une grande pureté mais… souvent
fff,
trop souvent
fff.
Cela se comprend pour la dernière pièce, composée dans ce but. Pour les autres
(Baldassare, Telemann et Fauré) j’aurais apprécié moins de force et davantage de
sentiment.
Quant aux pièces d’orgue seul, la transposition de la sonate de Domenico
Scarlatti est une bonne idée (mais qui a transposé ?). Même remarque pour
l’arrangement de Gabriel Fauré.
Enfin, il aurait été bon d’avertir que le Mozart du “Voyage en traîneau” n’est
pas Wolfgang Amadeus mais Ludwig Mozart car tout le monde n’est pas attentif aux
dates du compositeur et peut‑être même ne saurait pas les dates du grand
Mozart !
Quoi qu’il en soit, le public a apprécié la maestria du trompettiste – qui le
mérite. Et tous ou presque sont sortis satisfaits de cette excellente fin
d’après‑midi.
Concert du 16 juin 2019 par Jean-Pierre FAUQUIER
Organiste : Thomas OSPITAL
Thomas Ospital, d’allure
toujours aussi jeune et toujours plus dynamique, a concocté un programme tout à
fait classique sauf… la “Toccata” de Luc Antonini !
Les six pièces de
Jean‑Adam Guilain sont rondement menées, le “Cromorne en taille” très serioso,
le “Duo” fort gai, la “Basse de cromorne” aux belles sonorités, le “Trio”
andante affettuoso et enfin le “Dialogue sur les grands jeux” est un beau
finale
solennel fugué.
La “Fantaisie” de Charles
Racquet est plutôt déroutante mais l’architecture du morceau se découvre au fur
et à mesure pour le plaisir de l’oreille.
Les transcriptions de
“Didon et Énée” de Henry Purcell sont splendides : l’“Ouverture”, magistralement
interprétée (maestoso, allegretto, andante), la “Danse triomphale” “so
British”, et le sommet, la
“Mort de Didon”, pièce pour laquelle l’artiste a su utiliser les registres ad
hoc qui permettaient de créer un climat lugubre à souhait, triste et sombre. À
pleurer.
Enfin la “Toccata” vint ! Bien
entendu, toute l’assistance attendait ce moment. Quant à moi, je ne fus pas
déçu ; il est vrai que je n’avais entendu que de brefs passages d’œuvres
d’Antonini qui ne m’avaient pas particulièrement marqué ; et je suis toujours
inquiet lorsqu’un organiste attaque ce genre d’œuvre qui commence souvent par
une recherche fréquemment chaotique de sonorités “modernes” en parcourant la
gamme “à sauts et à gambades” comme en quête de … de quoi au fond ? Luc Antonini
s’est voulu modernement classique : de grandes gammes montantes et descendantes,
crescendo et decrescendo, sforzando et diminuendo, du
pp
au
fff,
un passage très doux avec des sons de flûte ou de galoubet, bref une longue
pièce qui emporte, qui oblige à l’attention et qui emporte l’adhésion. Et bien
entendu, le
finale non
seulement musicalement travaillé mais d’une force exceptionnelle, qui requiert
de l’organiste une très grande maestria aux claviers et au pédalier. Ce dont
Thomas Ospital ne manque pas ! Bien sûr, ovation unanime. Un détail – est‑ce
vraiment un détail ? ‑ fort sympathique : le compositeur de la Toccata se tenait
à droite de l’organiste pour s’occuper des tirants et la petite tape amicale sur
l’épaule de Thomas à la fin de l’exécution en disait long sur leur état d’esprit
à tous deux !
Les deux pièces suivantes
de Johann‑Sebastian Bach ramenèrent le calme et la sérénité, l’équilibre et la
mesure qui n’empêchent pas l’émotion toujours présente chez le « Cantor de
Leipzig ».
Une seule note de regret
– pour moi. J’aurais préféré que le concert se terminât par la “Toccata”. Et
d’ailleurs, le bis que l’artiste exécuta était une reprise du finale d’Antonini.
Ces deux artistes – Luc
Antonini et Thomas Ospital – étaient déjà des connaissances (Luc Antonini
inaugura l’orgue en 2002), ils seront désormais des amis des Amis de l’Orgue du
Temple du Vigan. Espérons avoir l’occasion de les retrouver souvent parmi nous.
Merci, merci !
Concert du 16 juin 2019 par Michel DAUTRY
Organiste : Thomas OSPITAL
Après le concert du 16 juin
« Extraordinaire, exceptionnel… » ce sont des mots qui ont été entendus
à l’issue
du concert d’orgue au temple du Vigan, le dimanche 16 juin. On se souviendra
longtemps de la venue de Thomas Ospital, jeune organiste déjà connu dans le
monde entier, qui était invité par l’AOTV. On se souviendra aussi de la création
d’une œuvre commandée par l’AOTV à Luc Antonini, organiste et compositeur. Une
première audition est toujours un événement et ceux qui y ont assisté ont été
éblouis par la beauté et l’originalité de cette œuvre, grâce à la virtuosité et
la qualité de jeu de l’interprète et aux magnifiques sonorités de l’orgue. Un
excellent lunch offert par l’association dans l’Espace Lucie Aubrac en présence
des élus locaux, a permis aux participants de partager un moment très
sympathique avec les musiciens. D’autres concerts sont prévus en 2019 et 2020 :
venez nombreux pour découvrir et redécouvrir cet orgue qui a bien trouvé sa
place dans la vie musicale et culturelle du Pays Viganais.
Concert du 30 juin 2019 par Jean-Pierre FAUQUIER
Organiste : Zuzana FERJENCIKOVA
Zuzana Ferjencikova, silhouette frêle et fine,
s’installe sur le banc. Très concentrée, elle attaque “son” Liszt sobrement
pianissimo et, lentement, tout doucement, en un crescendo parfaitement dosé,
elle nous fait vibrer avec un de ces
fff dont
elle a le secret. Nous l’avons déjà entendue deux fois au Vigan, mais je ne
m’habitue pas à ce style – je veux dire que je ne m’en lasse pas – si
particulier. Les pièces de succèdent avec cette même couleur d’énergie, de
force, de volonté de faire donner à l’instrument tout ce qu’il a dans le ventre.
Et l’orgue du Vigan a du répondant : non seulement il chante, mais il vibre,
feule, rugit, gronde, explose ! Merci à Claude Berger d’avoir crée un orgue si
beau, si solide, si obéissant.
Mozart…
méconnaissable, le doux Mozart,
si classique, si bien réglé en devient presque romantique et c’est magnifique.
Quelle fugue, quelle furia ! Quelle ronde, quelle sarabande endiablée !
Sur la pièce de Jean Guillou,
je répèterai ce que j’ai dit à propos du concert de Thomas Ospital :
cette recherche des sonorités “nouvelles” par des tentatives d’accords (soyons à
la mode) “improbables” ne convient pas à mon oreille, mais… Et l’accord final
surprend tout le monde.
Enfin, l’improvisation sur des
textes de
Stevenson : nous sommes loin, bien loin d’une
musique imitative, loin du trottinement de Modestine, des chants grégoriens des
“morts‑vivants” de l’abbaye perdue dans la montagne, loin des psaumes huguenots
mais la furia, le style furioso (je me souviens d’un concert de Silvano Rodi),
malgré la longueur de l’ensemble, emporte l’adhésion finale.
Ovation lorsqu’elle l’artiste
vient saluer, et c’est amplement mérité. Le bis qu’elle nous offre est un retour
au grand classicisme avec un choral de J.‑S. Bach.
Un concert mémorable et qui restera dans les mémoires !
Concert du 8 septembre par Jean-Pierre FAUQUIER
Organiste : Olivier HOUETTE
Contrairement à ce que les organisateurs craignaient, le
temple est bien rempli, plus de quatre‑vingts assistants venus écouter le
dernier concert de la saison 2019. Et ils ont eu bien raison. L’organiste est
jeune, dynamique et, on le verra, talentueux. Le programme qu’il nous a concocté
est intitulé “Orgue et transcriptions à l’époque baroque”…
Le concerto pour orgue op. 7 n°
5 de Händel est bien enlevé ; le mouvement qui fait suite à l’andante larghetto,
organo ad libitum, est un beau crescendo qui débouche sur un faux final
fff
suivi aussitôt d’un doux menuet et il s’achève sur une joyeuse gavotte.
La Tierce en taille de Purcell m’a parue triste et
morne, rythme et mélodie comprise.
Dans le concerto V "Saeculum" de Muffat, l’artiste varie
les registres et l’effet n’est vraiment pas désagréable. Olivier Houette nous
avait prévenus : l’original était destiné à un ensemble baroque classique avec
beaucoup d’effets de dialogue entre les instruments (trio de cordes et basso
continuo), effets de dialogue bien rendus à l’orgue.
La sonate "Impériale" de Couperin est magistralement
interprétée et le dernier mouvement “vivement” est enlevé, on se sent bousculés
et on sent que le jeune Oliver Houette se régale… et nous avec lui.
Mozart : Adagio en si mineur, dont l’original est pour
piano. J’avoue avoir été plutôt déçu ; peut-être attend‑on trop du divin
Mozart ?
En revanche, Bach est toujours Bach : l’adagio est très
beau, l’allegro (fugué) final est enthousiasmant.
Et il faut parler du bis : le président Dautry, pour
rompre l’atmosphère baroque et permettre à l’artiste de montrer toute l’étendue
de son savoir-faire, lui avait demandé de jouer la “Litanie” de Jehan Alain : un
régal.
Enfin, surprise, voyant son public déchaîné qui le
rappelle encore, il saute sur les claviers – oui, il saute ‑ et nous voilà
partis à Vienne pour le morceau final traditionnel du concert du Nouvel An donné
par l'Orchestre philharmonique de Vienne : la "Marche de Radetzsky" de Johan
Strauss père. Et tous de taper des mains, de sauter sur place comme des fous !
Quel concert ! quel artiste ! Merci Olivier Houette !