LA PAGE DU PUBLIC 2020
Dimanche 30 août 2020 : organiste
Johannes ZEINLER
D’abord, dès qu’il apparait à la tribune – et le président Michel DAUTRY nous
avait prévenus – ce qui frappe est son allure de jeune homme dynamique. Et la
première pièce de Buxtehude, la Toccata en fa majeur, reflète ce
dynamisme. Les attaques sont franches, bien plaquées, la musique s’élance et
emplit l’espace. Il faut dire que l’orgue fait merveille !
Le Versus 2 de Scheidemann
est d’une douceur et d’une langueur mélancolique avec, parfois, de belles
envolées quasi romantiques.
Suivent cinq pièces de Nicolas de Grigny
sérieuses, la Fugue par à coup un peu “besogneuse” mais le Trio en
dialogue et le Dialogue sur les grands jeux sont un régal : clarté,
précision, et à la fin, brillance. Globalement bon.
Arrive ce que je redoute le plus : une pièce moderne, contemporaine (2012) de
Franz Dankzagmüller, Circuli.
La tourne‑page Anka est merveilleuse : non seulement elle connaît bien la
musique et les pages se succèdent régulièrement mais son rôle ne se limite pas à
cette tâche technique : Johannes et elle ont répété et elle manie les tirants à
la perfection, en amenant l’air dans les tuyaux tout doucement, en un très léger
crescendo qui crée une atmosphère de rêve, un songe magique, un monde
étrange que j’aurais facilement qualifié de “Aquarius” car la main gauche
construit une atmosphère de “bulles” colorées et moussantes. Étonnant,
mystérieux, bref beau !
La Toccata de Muffat m’a
échappée : je fus obligé de garder la porte car de joyeux lurons voulaient nous
faire la farce de bloquer le sas d’entrée du temple et dans doute de bien rire à
la sortie… J’eus donc autre chose à faire que d’écouter Muffat. Dommage et tant
pis pour moi ! Idem pour Robert Schumann !
En revanche, la Passacaglia de
Bach me rendit ma bonne humeur : un début à la pédale, lento e chiaro,
puis un léger crescendo jusqu’à mezzo forte pour arriver à ff
puis revenir à mezzo forte et enfin le finale enlevé et heureux.
J’ai (à peine) regretté une syntonie parfois hésitante entre le pédalier et les
claviers, mais est‑ce à un béotien comme moi de faire ce genre de remarque ?
Certes non ! Tout fut net, clair, beau, en un mot parfait.
Jean‑Pierre Fauquier