LA PAGE DU PUBLIC 2022

 

Dimanche 19 juin * Luc ANTONINI

 Le public est malheureusement peu nombreux ‑ une quarantaine de personnes – et c’est fort dommage car notre ami a voulu, pour célébrer les vingt ans de l'orgue qu'il inaugura le 29 juin 2002, proposer un programme bien alléchant qui s'ouvre sur JS Bach. Les partite sur le choral BWV 768, ces onze variations sont sans doute un régal pour les connaisseurs, dont je ne suis pas. J'avoue m'être quelque peu ennuyé ; Dieu merci la Fantaisie et fugue BWV 542 m’a rapproché de mon Bach connu et que j'apprécie beaucoup.

Puis la Fantaisie en fa mineur de Mozart : mon oreille attendait des sonorités mozartiennes dont j'allais être émerveillé. Eh bien non, très agréable mais...

La pièce suivante de Mendelssohn fut un bon moment d’orgue, bien romantique, peut‑être un peu trop “tape-à-l’oreille” dans le final.

Enfin, une belle pièce de Vierne qui, ici encore, ravira les amateurs et qui, aux dires d’un certain facteur (d’orgues) lui fut un délice. Tant mieux !

En conclusion, un concert qu’on ne devait pas manquer.

JP FAUQUIER

Dimanche 26 juin * Christopher HAINSWORTH, orgue,
Nicolas PLANCHON, trompette, Dominique BOUGARD, trompette

 

Ce soir, le public est un peu plus fourni : c'est l’appel des trompettes sans doute, celles de la renommée. Une bonne soixantaine d'auditeurs. Quand le trio apparaît à la
tribune, les applaudissements sont de bon augure.

Le premier morceau, Entrée de la reine de Saba de Haendel, est une entrée triomphale et les artistes s'en donnent à cœur joie ; sonnez trompettes, la reine arrive !
 Succès.

La cantate de JS Bach BWV 146 “Wir müssen durch viel Trübsal in das Reich Gottes eingehen” (Il nous faut passer par bien des tribulations) ne comporte pas les
 trompettes dans l’original mais Dominique Bougard les a fort bien insérées dans la partition. Applaudissements.


    Une des six sonatines KV 439b de Mozart est un agréable moment pour orgue seul.

Ensuite, le motet “Panis angelicus”, une hymne composée par César Franck sur un texte traditionnel de l'église catholique de saint Thomas d’Aquin (1228-1274), avec
 l’adjonction des trompettes. Bien enlevé.


Suit la Sérénade de Schubert - Ständchen (Le Chant du cygne). L'orgue y joue le rôle d’intervalle entre l'intervention des trompettes qui sonnent la
 plupart du temps
fff. Applaudissements.


De Lefébure‑Wely, une Sortie en mi bémol pour orgue. Assez agréable bien que le style “limonaire” soit surprenant.

De Mendelssohn deux duos trompettes et orgue. MWV J 5 N° 1 Ich wollt' meine Lieb' ergösse sich (Je voulais que mon amour se répande) et MWV J 11 N° 4 Herbstlied:
Ach, wie so chauve verhallet der Reigen (Chanson d’automne). Bien.


De C. Bodro (que je n'ai pas su trouver dans la littérature musicale) une Polka finale de la sonate n° 12 pour orgue. Très allemand, et les cuivres s'en donnent la peine !


Les danses hongroise 5 et 6 de Brahms, bien interprétées par  les trompettes mais toujours
fff et c’est dommage.


Et pour conclure, le “Easy Winners” de Scott Joplin, le roi du ragtime. Un final en "rag time two sterp", très jazzy, qui a pour but d’emporter l’adhésion enthousiaste du
public. C’est le cas !


Deux bis (dont un Ave Maria) très appréciés. En somme, un bon concert.

JP FAUQUIER

Dimanche 3 juillet * Adam BERNADAC, orgue,
Isabelle STIMBRE, clarinette, Nicolas STIMBRE, clarinette

 

Un public relativement nombreux, les deux clarinettistes sont des “locaux", mais il est vrai aussi que les concerts orgue et un ou deux instruments attirent. Avant le concert, les artistes descendent dans le temple et présentent les divers types de clarinettes. On apprécie la pédagogie.

La première pièce de Mendelssohn-Bartholdi est très bien enlevée : des roulades descendantes et montantes des clarinettes dans cet allegro-vivace- adagio, avec une alternance de duos entre les clarinettes seules puis avec l'orgue du meilleur effet. Un finale allegro assai. Très bien.

De Saint-Saëns, rien à dire sinon que ce fut une pièce fort brève et c’est dommage car il n’y a que deux pièces pour orgue seul dans tout le programme. Attendons Widor…

De Graupner l’impression générale est la tristesse, la mélancolie. La technique est excellente, mais l’adagio “lento assai” me plonge dans un paysage gris. Il faudra que je trouve d’autres interprétations de ce compositeur…

Ravel, trois pièces tirées de “Ma mère l’oye” : beau, très beau. Merci.

La Bacana de Cavallini (Ernesto, ne pas confondre… il y a aussi Emilio) démarre par une envolée dans une farandole bien gaie, leste avec des variations de rythme (est-ce une mazurka ?) du plus bel effet. J’ai, à moment donné, l’impression d’assister au film “Le parrain”….

Le “Trio” de Saint-Saëns n’évoque pas grand-chose chez moi…

Ah, voici la “Toccata” de Widor: l’attaque est brillante, endiablée mais trop longue, le volume, le tempo donnent envie d’entendre autre chose. Un peu lassant.

Pour finir, la “Tarantella” de Saint-Saëns, au départ doux, lent, mystérieux, puis les clarinettes entrent, le thème se dessine, la danse se devine. Ensuite, une valse ? non, on revient à la danse de Tarente et on fredonne (dans la tête) la danza de Rossini. Bon final, bon concert dans l'ensemble. Mais j’aurais bien aimé entendre l'orgue seul une troisième fois. Merci aux artistes.

JP FAUQUIER

Dimanche 10 juillet * Philippe LEFEBVRE, orgue,
Hommage à Jean-Claude RAYNAUD

On nous l'avait annoncé, un concert donné par un des plus grands organistes actuels. Qu'en sera-t-il ? Avant le concert le président Dautry, l'organiste et la fille de Jean-Claude Raynaud nous expliquent pourquoi cet hommage : monsieur Raynaud avait des attaches à Aulas et lors du concert privé, réservé aux adhérents le 3 septembre 2003, il avait joué en compagnie de Caroline Pelon (soprano) et de François Dautry (violoncelle).

Buxtehude : une grande agilité au clavier, et une musique qui coule, s'écoule lente et tranquille. Bien.

Pour le choral de Bach l'attaque est douce et calme, les registres sont bien adaptés ; il n’empêche que je juge ce passage un peu trop soporifique. Mais bon, je suis moi...

Mais pour la "Fantaisie chromatique" l'organiste a choisi une entrée vivace assai, avec des montées et des descentes chromatiques justement en écho. C'est magnifique. Quelle dextérité, quel doigté ! La liaison avec la fugue se fait naturellement. Bravo, bravissimo !

La sonate de Mendelssohn est un ilot de beauté. Déjà fini ?

Olivier Messiaen me fait toujours craindre les excentricités (parfois) de ces compositeurs contemporains que je n'apprécie pas. D’autant que l'intitulé (Joie et clarté des corps glorieux) ne m'encourage pas. Bon. Je vois bien l'alternance descriptif/méditatif, l'intériorité, mais non vraiment. Par contre, en ce qui concerne la technique organistique, rien à dire, ou plutôt si : quel artiste !

En final, une improvisation qui n'a d'improvisée que le nom car ces dix bonnes minutes, sans partition il est vrai, sont travaillées, ciselées, tout est parfait. La lecture de l'Apocalypse de Jean nous avait mis en alerte, ce ne serait pas un long fleuve tranquille. En effet, dès l'entrée; on est impresionné, des notes basses plaquées toutes ensemble donnent une atmosphère de guerre, cannonade, tremblement de terre, cataclysme et l'orgue (Claude Berger, n'entends-tu pas ?) est sur le point d'exploser, une fusée qui s'élève vers les étoiles. Philippe Lefebvre connaît notre orgue et en tire le maximum. Un peu long mais tellement prenant. Merci maestro ! Et bravo assai !

JP FAUQUIER

Samedi 3 septembre * Thomas OSPITAL, orgue,

On l’attendait, le public est fourni, environ une centaine de personnes, malgré la pluie. Toujours aussi juvénile, agile, enthousiaste, Thomas s’installe et après une présentation de Michel Dautry qui nous annonce sa décision de quitter sa fonction de président et après une intervention de François Pelon, vice-président, qui le remercie pour son activité et même parfois sa fougue dans la direction de l’AOTV, le concert commence.

Le programme est classique avec deux apparitions contemporaines, Loïc Maillé et une improvisation de Thomas Ospital.

Le "Prélude et fugue en la mineur" est parfait, tout y est, au clavier les mains volent, au pédalier les pieds s’activent, les registres sont choisis avec soin, des gammes crescendo et decrescendo du pp  au f, jamais à contrecourant. Quelle agilité, quel doigté. Magnifique.

Des extraits du "Livre d’orgue" de Pierre Du Mage, auteur que je n’ai jamais entendu jouer. Style de musique bien différent du Bach savant et sage, un "Plein-jeu" lento e solenne, un "Récit de Tierce en taille", lento adagio, un "Basse et Trompette" gai et sautillant, un "Récit" à la flûte, qui démarre ppp  et reste pp tout du long, un "Duo" allegro e vivace, un "Grand jeu" qui s’ouvre en fanfare, fff, au clavier de la nervosité, un allegro vivace qui s’achève sur un finale époustouflant. Je ne regrette pas d’avoir découvert Pierre Du Mage !

La "Pastorale" de Bach qui suit démarre ppp, registre de flûte et de musette, toujours p, puis andante et enfin gai et enjoué : tout ceci coule de source, on se laisse porter, le finale decrescendo est ppp, on rêve. Merci !

La "Fantaisie sur BACH" de Loïc Maillé, c’est la musique contemporaine que je ne supporte pas, je m’y perds, je ne comprends pas, je ne vois rien et je suis navré. Certains y trouvent un plaisir extrême… Il faut dire que techniquement c'est fort !

"La sonate en trio de Bach", l’allegro moderato au clavier et au pédalier est gai et enjoué, l’adagio est doux et calme, l’allegro final est un véritable allegro fugué. Parfait.

"La Danse des Sauvages" de Rameau : on fredonne le thème dans la tête, on entend l’orchestre baroque, on imagine la danse des Sauvages, surtout lorsque Thomas attaque sauvagement, ainsi que pour le final. On (re)découvre l’Amérique de la Renaissance.

Enfin, enfin, le moment que je redoute, l’improvisation. Eh bien non, j’ai été pris, je me suis retrouvé dans une grotte où des gouttes d’eau tombent et jouent un concert de métallophone et fabriquent des stalactites ! Et l'orgue continue à me promener de ci de là... un régal ! Cette improvisation de Thomas est tout à fait agréable, pas du tout agressive comme nombre d’improvisations que nous avons entendues ici. Merci cher ami !

Cher ami… Vous qui – je ne l’aurais pas cru après vos deux premières prestations ici au Vigan – vous qui manifestement évoluez positivement, dont la gestuelle trahit la sûreté, la certitude de bien faire, dont les mains s’envolent souvent au‑dessus du clavier et après quelque pirouette, donnant le tempo du passage, s’abattent brusquement pour attaquer une montée de gamme éblouissante, vous qui jouez parfois des claquettes avec les pieds sur le pédalier, vous allez nous étonner encore et encore… si vous avez le temps de revenir chez nous !

En résumé, un très beau concert qui clôt agréablement notre grande saison d’anniversaire des vingt ans de l’orgue.

 

JP FAUQUIER