LA PAGE DU PUBLIC 2023
Mercredi 17 mai * Ecole de musique
Le 17 mai, à 18h, a eu lieu dans le temple une audition organisée par l’école de
musique du Vigan dirigée par Mme Tardieu, autour de l’orgue du temple. Le
professeur de piano, Jean-Sébastien Taillefer, était à l’orgue pour accompagner
divers instruments : flûtes, trompette, saxophone, trombone. Des élèves ont
exécuté des œuvres pour piano sur le clavier de l’orgue, l’un d’eux a même
utilisé le pédalier. Certains ont fait déjà preuve d’une certaine virtuosité et
d’une vraie sensibilité musicale.
Un public nombreux était présent et tous les musiciens ont été chaleureusement
applaudis.
Cet événement inédit montre l’intérêt que l’école de musique porte à l’orgue et
il faut remercier M. Taillefer et Mme Tardieu pour avoir organisé ce
rendez-vous. Il s’agit là d’un véritable événement qui atteste de l’imagination
et de l’énergie de l’école de musique.
Pourquoi cette première audition ne donnerait-elle pas naissance à des vocations
de musiciens professionnels ? C’est mon vœu le plus cher … et c’est possible au
Vigan. Mon rêve serait aussi qu’un professeur d’orgue puisse être nommé au Vigan
car nous avons la chance d’avoir un orgue remarquable. Cet orgue est propriété
de la Mairie, et c’est l’orgue de tous.
Le président‑fondateur Michel Dautry
Dimanche 18 juin * Freddy
EICHELBERGER
Premier concert de la saison, premier concert “Annie
Kalifa imperante”.
Le public est heureusement assez nombreux ‑ une
cinquantaine de personnes – et c’est encourageant car la nouvelle gouvernance
présidentielle a su bousculer les habitudes et nous naviguons dans des eaux mal
connues.
Le programme de l’organiste est entièrement basé sur la
musique anglaise du XVIIe siècle britannique. Personnellement j’aime
bien Purcell mais je ne connaissais jusqu’à ce soir que les opéras.
Le parti pris de jouer en nous demandant de ne pas
interrompre par des applaudissements le déroulement du concert me déroute
quelque peu car, outre le fait que tout est en anglais (que signifie “Stingo”
l’intitulé de la première pièce ?) la seule indication est que si le titre est
en italique, il s’agit d’une pièce traditionnelle sinon c’est une
production de Henry Purcell. Bon. Au début on arrive à suivre ensuite on se perd
dans ce dédale folklorico-purcellien.
Baste. La première pièce commence pianissimo,
et sachant qu’il s’agit d’un air traditionnel, j’entends la cornemuse dans un
lointain vaporeux que je suppose brumeux. Ensuite, tout le programme suit la
même philosophie mais toujours le rythme, le tempo, le registre écossais (?)
doux et énervant (au sens premier de l’adjectif). Enfin (est‑ce Colin’s
cattle ? est‑ce bien “La vache à Colin”” ?) le style change un peu, je
retrouve un certain goût à suivre les gammes et les percussions, et les trois
dernières pièces, jusqu’au “Theatre tune (John Blow)” attirent enfin mon
attention auditive.
Bref le public applaudit longuement après un bis qui
n’apporte pas de nouveauté stylistique et je me joins à cette manifestation de
contentement car j’ai tout de même fort apprécié la maitrise au clavier de
Freddy Eichelberger.
Jean-Pierre FAUQUIER
Dimanche 9 juillet * Liesbeth
SCHLUMBERGER
Le public est nombreux – soixante personnes environ – et
c’est encourageant ; il est vrai que les estivants sont arrivés et ont répondu
présent. Le nouvel horaire (18 heures 30 au lieu des 17 heures 30 habituelles)
convient mieux. Est‑ce aussi la promesse de partager un petit en‑cas à l’issue
du concert ?
Le programme de l’organiste est un essai d’équilibre
entre la musique contemporaine et le classicisme de J‑S Bach, Dupré et Amy. Ce
qui m’intrigue. Est‑ce une influence de Montaigne qui allait, disait‑il, “à
sauts et à gambades” ?
Marcel DUPRÉ : Le
monde dans l’attente du Sauveur * Symphonie Passion, 1ère partie.
La première pièce de Marcel
Dupré s’ouvre par une série de dissonances habituelles dans ce style
contemporain en des accords plaqués
ff
puis on devine une série de gammes ascendantes qui débouchent sur un plateau où
l’organiste fait donner
fff
les possibilités de notre
orgue (qui n’en manque pas !). Alors les grands accords plaqués agressifs
alternent avec des
pp
agréables. Ensuite, rupture, des pianissimi, dolci e pacati, alternent avec des
disharmonies peu agréables (pour moi). La pièce s’achève
sur un crescendo qui va vers le
fff
par une série d’accords robustement assénés au clavier… vraiment trop fort à mon
goût. Mais la virtuosité est bien présente.
Johann Sebastian BACH :
Allein Gott in der Höh sei Her en fa majeur (Seul
Dieu au plus haut des cieux)
BWV 675, extrait de la Clavier-Übung III
La
fugue, lentement, clairement, expose le thème et se développe joliment et
longuement et laisse place à un autre motif qui s’entrelace avec des parallèles
au premier. Soudain, le grand jeu, une attaque brusque et sonore
fff qui se
réduit et s’achève en douceur. Très beau.
Gilbert AMY :
Invention 4
Démarrage lentissimo et sourd avec les disharmonies
typiques de ce style “moderne“. Puis fanfare, trompettes, je vois arriver une
machine à vapeur (réminiscence de Honegger et de sa Pacific 231 ?) qui
passe et accélère suivie d’autres évocations que je ne saisis pas, mais bon…
Je me pose la question : est‑ce que ces musiciens
modernes ne remplacent pas la beauté par la manifestation agressive de “leur”
beauté ? C’est une question. Ce qui est sûr, c’est que la pièce est bien trop
longue, épuisante et met en jeu tous les aspects de la virtuosité de
l’organiste, le nombre de changements de registres est impressionnant. Et je
profite de l’occasion pour féliciter chaudement le jeune tourne-page et
tire‑tirants qui s’est démené autour de l’orgue et que d’ailleurs Liesbeth
Schlumberger a invité à venir saluer à l’issue de ce morceau.
J’insiste sur la longueur ; il est vrai que ne voyant
pas l’architecture globale de l’œuvre, ne saisissant pas l’allure générale, je
ne savais quand j’allais pouvoir dire “Ah voici le finale” !
Johann Sebastian BACH :
Dies sind die Heilgen zehen Gebot en
sol majeur (Ce sont les saints Dix
Commandements)
BWV 678, extrait de la Clavier-Übung III
Dans l’ensemble, je retrouve ma musique d’orgue, regrettant toutefois le
hautbois (est-ce bien le hautbois ?) “ostinato” trop dominant et les attaques, à chaque entrée, un peu trop
ff. Une
impression aussi de déséquilibre entre les jeux…
Johann Sebastian BACH :
Ricercar à 6 voix de l’Offrande musicale en do mineur BWV 1079
Ici
aussi, l’attaque est
ff, trop
autoritaire, dépourvue de mystère ; où est le ricercar ? On affirme en plaquant
des accords impératifs en oubliant de susciter la curiosité et l’intérêt pour la
suite. Et ce départ en fanfare oblige à poursuivre aussi en fanfare en laissant
de côté les mille nuances qui font le charme de cette Offrande. Il n’en demeure
pas moins que la maestria de l’artiste est époustouflante.
Marcel DUPRÉ :
Résurrection* Symphonie Passion, 4ème partie.
Mêmes impressions que pour la 1ère partie
avec toutefois un peu plus de maîtrise, une peu plus de douceur (et de
structure ?).
En résumé, un concert d’une haute tenue artistique par
une artiste que j’aurai du plaisir à entendre à nouveau, sur notre orgue ou
ailleurs… Merci Liesbeth SCHLUMBERGER.
Dimanche 27 août * Martin Gester, organiste et Julie Goussot, soprano
L'assistance est bien fournie et comme nous arrivons juste à l'heure, il n'y a plus de programme disponible ce qui fait que mon commentaire sera extrêmement réduit car je ne me suis fié qu'à mon oreille.
La première pièce de Haendel démarre (premier mouvement) adagio e dolce, puis la fugue s'installe par une transition au pédalier avec un crescendo jusqu'au ff suivi d'un decrescendo rapide.
Au second mouvement, les registres sont surtout des bois (avec imitation d'oiseaux?). Le troisième pp e dolcissimo sur lequel s'ajoute le chant de la soprano invisible, voix claire, nette avec des aigus agréables, pas d'hésitation... Parfait.
Ensuite, dialogue avec l'orgue sur un registre élevé avec des alternances de montées et descentes de gamme, un rubato appuyé. Quelques imperfections dans les "roulades" de la soprano et dans les notes hautes, pas assez de retenue, des cris presque.
Le concerto de Vivaldi est bien mené et ravive l'attention.
La pièce de Carl Philip Emanuel Bach est bien charpentée.
Les derniers morceaux de Mozart sont - qui en aurait douté - très agréables à l'oreille. La soprano nous régale d'un passage où elle va de l'alto au soprano dans une série de cabrioles haut/bas bas/haut. Belle prestation. Merci à tous deux, organiste et chanteuse.
Samedi 23 septembre à 20 h 30 * Orgue et cinéma
Une nouveauté au Vigan ! Nous avions vu dans le passé orgue et chorégraphie mais jamais cinéma. Merci Annie Kalifa d'avoir tenté car ce fut une réussite. La veille déjà, dans le cinéma Le Palace du Vigan, les scolaires avaient pu apprécier l'art de Harold Llyod et d'ailleurs il semble que certains aient insisté pour revoir le film en compagnie des parents cette fois et en effet il y avait de nombreux petits dans le temple ce soir.
Je ne peux faire un commentaire du film, des péripéties qui nous font frémir d'horreur, de peur qui se résout en rire. Nous avons tous vu déjà un Charlot, un Laurel et Hardy, un Marx Brothers et le moteur est souvent celui-là: le rire nait du soulagement car le danger s'éloigne. La scène de l'horloge à quelques vingt ou trente mètres au dessus de la rue en est un bel exemple.
Mais la musique d'accompagnement, d'habitude au piano dans les cinémas muets d'avant le parlant, ne nous est pas familière. Et le rôle de Paul Goussot n'était pas facile: il fallait à la fois illustrer la scène représentée à l'écran et évoquer par le choix des extraits musicaux l'atmosphère émanant de ces scènes.
Et il y fallait une oreille attentive et sensible pour repérer au passage telle marche funèbre de Chopin, telle marche nuptiale de Mendelssohn, tel ou tel autre passage connu; mais aussi les improvisations de l'organiste apparemment très à l'aise dans ce rôle.
Merci donc à l'artiste qui a bien contribué au succès de cette soirée récréative.